A/3 En voiture Denise !
Ah-tiens, tu vois bien qu’il fallait garder le moral ! La lettre que Daphnée était venue poster n’avait rien d’une facture. C’était une lettre de Denise, pour remercier Juan du dernier rendez-vous. Et elle était accompagnée d’un soliflore avec une rose.
Oui, une seule, je vous avais prévenus que la Denise était près de ses sous.
On aurait préféré un cadeau plus… monnayable mais on fera avec !
Aldon Juan a changé de métier. La politique c’est trop prenant, de 9 h à 18 h, même à 380$ ce n’est pas rentable. Il est entré dans l’armée. 7 h/13 h, c’est plus correct.
Mais un peu plus crevant aussi.
Le temps qu’il recolle ses morceaux… Bon, vous m’avez comprise.
Il a fini par se réveiller à la nuit tombée. Comme il a de la suite dans les idées, il a appelé le traiteur chinois…
VI, je sais que là, c’est une livreuse de pizzas, attendez que je vous explique : Il a appelé le traiteur chinois, mais c’est une voix d’homme qui lui a répondu. Alors, il s’est tourné vers la pizzeria et Marie Noëlle est arrivée.
Le temps qu’il aille poser sa pizza et chercher de la monnaie pour le pourboire, elle était repartie sans qu’il puisse lui placer un mot.
Vous me direz… dans un sens… c’est peut-être pas plus mal.
Alors ? C’est qui le don Juan ? Il a tout de même fini par l’avoir son crac-crac avec la Denise.
4 + 1 = 5 points. (J’ai bon ?).
On dit que les hommes sont tristes après l’amour. Et avouez que là, il y a de quoi .
En regardant ronfler sa bien-aimée d’un soir, Juan mesure les années qui les séparent. Dire que c’est la seule femme qui ait accepté ses avances, et qu’elle ne pourra pas lui donner d’enfant. C’est dramatique, c’est racinien comme tragédie.
De rage, de désespoir… Heu, j’avais dit racinien, pas cornélien !
De désespoir -sans rage- donc, Juan s’est lancé à corps perdu dans les études.
Attendez, on ne lui demande pas de passer son bac, non plus. C’est l’armée… faut rester lucides.
Enfin, il a tout de même appris à serrer les écrous d’une roue et gagné un point de physique. Ce qui l’a tout de suite propulsé au rang de l’élite : Sergent.
Il n’y a pas à dire, le prestige de l’uniforme, c’est quelque chose ! Même quand il le quitte, il continue à agir. (A moins que ce ne soit un slip vaudou ?). Voyez Marilène Bertin, elle n’y a pas résisté. Elle l’a trouvé irrésistible mon don Juan. Elle a du goût, ELLE !
Il en a profité pour l’emmener au resto-bowling chez Elvis dans sa belle Smoogo de beauf.
C’était pas forcément une bonne idée. Il n’a pas touché une quille de la soirée et son image de superman commençait à se ternir dans le miroir des jolis yeux de Marilène.
D’autant que Marilène, justement, elle a le bowling dans le sang.
Pour digérer sa honte, Aldon Juan parcoure la salle des yeux à la recherche de futures victimes. Il a repéré la serveuse de loin. A moins que ce ne soit la veste de vinyle façon croco d’un autre dragueur de fond…
Non, je pencherais plutôt pour la serveuse.
Je vous passe le déroulement du repas, avec ses hauts et ses bas, pour vous servir directement le dessert. Quand Juan, croyant l’affaire bouclée, s’est laissé aller à des extrémités tout à fait déplacées. Aldon Juan n’a que faire de vos sarcasmes. Il persévère !
Oui-mais bon, il a des excuses, vous savez ce que c’est les fayots de la cantine …
Il a appelé le service de désinfection, alors qu’il n’a même pas de cafards, juste pour avoir le plaisir de rencontrer, Mlle Muller à l’aimable figure.Ca lui a coûté 65 $ pour des prunes, sans compter les 5 $ de pourboire pour se faire bien voir qui ne lui ont rapportés que deux points de relation.
Points qu’il s’est empressé de perdre en voulant lui téléphoner.
Hin-hin-hin, c’est ça ricanez ! Rira bien qui rira le dernier.