C/4 La bonne affaire
Pendant qu’Aldon répare la douche, Marilène épluche les nouvelles de la gazette
-Tu as vu ? Il y a des soldes aux Bazar Rapidos. J’avais très envie d’une nouvelle robe, mais je suis tellement fatiguée. Je crois que je vais aller me coucher.
L’occasion est trop belle, Aldon Juan saute dessus
-Si tu veux, je peux aller te l’acheter.
-C’est vrai ? Tu ferais ça pour moi ? Oh, Juan, tu es un amour ! Quelle chance j’ai d’avoir un mari si prévenant. Je donne un petit coup à la cuisine, et je vais au lit. Je te fais confiance pour la robe, je sais que tu choisiras bien.
Avant de partir, Aldon Juan barricade la porte de la pièce aux simflouzes. Il en a plus qu’assez de ces sans gêne qui viennent lui piquer sa récolte. Il a suffisamment à faire à surveiller le voisinage pour ne pas passer son temps à avoir l’œil sur son trésor.
Bien sûr, les emplettes, c’était le prétexte pour donner rendez-vous à Célia. Mais à peine sorti du taxi, il tombe sur la mère Ladentelle. Elle flaire l’adultère à cent lieues et lui jette un regard mauvais avant de s’en prendre à Célia
-Vous n’avez pas honte de vous afficher avec ce minable ? Je vous préviens, ma petite, si je surprend un mot, un geste déplacé, je vous ferai passer le goût de l’aventure !
-Mais qu’est-ce qu’elle nous veut, la vieille pie ? Je crois qu’il vaut mieux en rester là, annonce Célia.
Mais Aldon Juan est d’un naturel optimiste -Mais-non, reste, l’après-midi est encore jeune. Je vais la rouler dans la farine. Elle va bien finir par se lasser.
Chatouilles, blagues de potache, compliments anodins et batailles d’oreillers s’enchaînent et se poursuivent jusqu’à la tombée de la nuit. Rien à faire, la vieille est toujours dans le coin, guettant la faille, le prétexte pour jouer du sac à main.
Il fait nuit quand Aldon Juan s’avise que décidément, elle ne les lâchera pas. Il a réussi tant bien que mal à retenir Célia, mais le rendez-vous stagne au bof-bof. Il décide d’émigrer ailleurs. Il ne peut réprimer un sourire en voyant la mine dépitée de la terreur au sac à main par la vitre arrière du taxi.
Il a entraîné Célia au magasin de vêtements et l’a invitée à le rejoindre dans la cabine. Il commence à être connu comme le loup blanc dans ce magasin. Le vendeur a rameuté toute la clientèle.
-Venez, venez voir, vous ne serez pas déçus !
Quand elle en ressortira, Célia sera acclamée comme une héroïne. Ce qui la mettra de fort bonne humeur et elle déclarera paradisiaque ce rendez-vous commencé sous de si mauvais auspices.
Score 26 points
Avant de rentrer, Aldon Juan n’oublie pas son alibi. Marilène voulait une petite robe en solde. Tant pis, il la payera plein pot, mais il ne sera pas dit qu’il sera rentré les mains vides.
Si c’est ce sac qu’il compte lui ramener comme petite robe, elle n’a pas fini de regretter de ne pas avoir fait ses soldes elle-même !
Le lendemain, Marilène partie au travail, Aldon Juan appelle aussitôt Célia et lui fait découvrir que le crac-crac ça a du bon aussi au lit. Il s’endort après son exploit et se réveille en début d’après-midi.
-Quelle heure est… ? Zut, déjà ! Célia, Célia !
Score : 27 pts
Célia n’apprécie pas d’être réveillée en sursaut
-Qu’est ce qui te prend ?
-J’avais oublié… un rendez-vous très important. J’attends la visite de la directrice d’une grosse boite. Tu sais que je suis DJ, je dois signer un contrat pour animer une soirée. Tu ne peux pas rester ici. Rentre chez toi, je te téléphone dès que j’en serai débarrassé.
En sortant elle croise Marilène qui rentre du travail. Ce n’était donc pas du flan son histoire de directrice, elle reconnaît la tenue ringarde du gratin d’entreprise.
-Au revoir chère madame, je ne manquerai pas de faire appel à vos services quand je donnerai une soirée, lui lance-t-il en s’assurant qu’elle va libérer le terrain.
Marilène a pris sa douche tandis qu’il préparait le repas. En tant que mari, elle n’a pas à se plaindre, comme tous les hommes qui ont quelque chose à se reprocher, il est aux petits soins pour elle.
-Alors, mon cœur, contente de ta journée ? Tu n’as pas une nouvelle promotion à m’annoncer ?
-Laisse-moi le temps, le président est un vieux gâteux et le conseil d’administration commence à s’en rendre compte, il va falloir s’en séparer, en tant que sous-directrice je suis pressentie pour le remplacer.
Quel homme plein d’attentions !
-Tu n’es pas fatiguée aujourd’hui ?
-Si, un peu. Je vais faire une petite sieste dans le jardin. D’ailleurs, en parlant de jardin… si tu arrives à coincer la jardinière… elle se fiche du monde, vraiment ! Tâche de nous en débarrasser, ce ne sont pas les jardiniers qui manquent, et on aurait du mal à trouver plus fainéant qu’elle.
Elle s’est installée sur une chaise longue et Déborah, qui n’a toujours pas désarmé, observe son ventre plat.
-Où elle le planque son bébé ? J’ai comme l’impression qu’Aldon Juan m’a raconté un gros bobard. Ah-mais, s’il croyait se débarrasser de moi comme ça, il se trompe !
Elle passe son temps à les espionner, et ce qu’elle entrevoit par la fenêtre de leur chambre ne lui plaît pas. Elle est fixée. S’il a été « obligé » de se marier, ce dont elle doute de plus en plus, il n’a pas l’air de souffrir du sacrifice. Il a même l’air d’y prendre beaucoup de plaisir. La jalousie la tenaille, elle se vengera en renversant sa poubelle plusieurs fois par nuit. A croire qu’elle, elle ne dort jamais.
Pour se débarrasser de cette nuisance, Aldon Juan devra passer des heures et des heures au téléphone pour lui assurer qu’elle compte toujours beaucoup pour lui, qu’il gardera toujours dans son cœur le souvenir de leur aventure et que s’il ne s’était pas fait avoir par Marilène au sujet du pseudo-bébé, c’est elle et elle seule qu’il aurait épousée.
Ouf, pas trop tôt, elle a fini par pardonner et accepté de redevenir sa meilleure amie. Il était temps ! Aldon Juan était à bout d’arguments et pas que !
Avant de rejoindre sa femme, il appelle la livreuse d’épicerie. Cruelle déception, c’est un grand malabar qui l’attend à la porte.
-Heu… Où est donc la charmante dame que j’ai eue au téléphone quand j’ai passé commande ?
-Virée ! C’est moi qui la remplace
Ca c’est pas de chance, hein, Aldon Juan ?
Score de la 3ème semaine : 27 pts